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Le 14 juin 2015, lors d’une Retraite internationale pour les prêtres
membres du Renouveau charismatique, le pape François propose, selon les
deux journaux italiens Corriere della sera et il Messagero, d’unifier le
jour de Pâques pour tous les chrétiens. L’Eglise catholique est prête,
dit-il, à établir une date fixée de Pâques pour que tous les chrétiens
de croyances variées le fêtent le même jour. À savoir, la fête de Pâques
est la plus importante du calendrier liturgique. L’idée avait déjà été
lancée, en 1975, par le pape Paul VI, qui fut le premier à vouloir
mettre en pratique un des principaux Décrets du Concile œcuménique
Vatican II qui prôna l’unification de toutes les Eglises.
Ce qui n’a pas été dit dans cette annonce simpliste, ce sont les
préparatifs qui précédèrent cette décision, ainsi que le sous-entendu de
ce geste. Il n’est pas question d’aborder ici toutes les démarches qui
eurent lieu, depuis Paul VI et les autres papes postconciliaires, parmi
les différentes Eglises ou les églises autocéphales, mais je signale les
toutes dernières. Le 11 mai 2015, à l’occasion du deuxième anniversaire
de leur rencontre, le pape François a envoyé un message à Tawadros II
(Théodore II en français), chef de l’Eglise copte orthodoxe en Egypte,
affirmant « qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes unis par
l’œcuménisme du sang, qui nous encourage davantage sur le chemin de la
paix et de la réconciliation ».
Pour le second anniversaire de leur rencontre, qui eut lieu le 10 mai
2013, le pape François invite les chrétiens à collaborer, en
particulier, « en ce qui concerne les mariages mixtes ». Puis fait
mémoire « des fidèles coptes récemment martyrisés au nom de leur foi
chrétienne ». En adressant son message à Tawadros II, François exprime
toute sa gratitude pour « les liens qui unissent le Siège de Pierre et
le Siège de Marc », puis évoque les progrès réalisés sur le chemin de
l’amitié, unis par un même baptême, et rappelle que ce qu’ils ont en
commun est plus grand que ce qui les divise. Donnée intéressante, dans
la mesure où elle révèle le travail d’une Commission internationale
conjointe, pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique et les
Eglises orthodoxes orientales, sur l’exercice de la communion dans la
vie de l’Eglise primitive et dans celle d’aujourd’hui. Cependant, qui
dit dialogue avec le Saint-Siège, cela désigne en fait « concessions »
de la part de l’interlocuteur, tel qu’on le verra. Puis François
rappelle de nouveau que leur « coopération se poursuivra, en
particulier, en ce qui concerne les mariages mixtes » ! Les mariages
mixtes entre églises variées n’est pas un problème, c’est l’union avec
un "musulman" que le pape veut éliminer.
François et Tawadros II ont encore une fois abordé le sujet de Pâques
lors d’une longue conversation téléphonique le 10 mai 2015. Le
Patriarche copte n’y sera point hostile, bien que ce soit prétendument
lui qui l’ait proposé, mais tactique vaticane impose ! Pour François,
fêter le deuxième ou le troisième dimanche d’avril ne représente, au
fond, rien d’essentiel. Pour le reste, pour le côté dogmatique, ce sont
les autres Eglises qui devront céder…
En citant l’exemple de la communauté orthodoxe de Finlande, qui a décidé
de célébrer pâques le même jour que les luthériens, François démontre
qu’il y a déjà un pas qui a été accompli.
Durant une visite aux Pays-Bas début mai 2015, Tawadros II, qui tient le
rôle de navette entre l’Eglise néerlandaise et le Vatican, a reconnu
qu’il s’agissait d’un « problème historique », déconnecté de la foi et
de la doctrine. Selon lui, l’hypothèse à l’étude serait : célébrer la
Résurrection du Christ, que personne n’a vu, le troisième dimanche
d’avril. Il avait fait la même demande, dans une lettre envoyée en mai
2014 au pape François, à l’occasion du premier anniversaire de leur
rencontre au Vatican. Et il avait à nouveau proposé la question le 9
novembre dernier, à Vienne, lors des célébrations marquant le 50e
anniversaire de la Fondation Pro-Oriente. Ce qui démontre aux adeptes
que c’est l’Eglise copte orthodoxe qui le demande !
Les journaux se contentent, et pour cause, de souligner que l’importance
de l’unification de ces dates revient à la gêne que ressentent les
différentes Eglises qui se trouvent en Afrique du Nord et au
Proche-Orient, qui fêtent Pâques à des dates différentes, mais la raison
en est tout autre : elle prend directement racine dans les Décrets de
Vatican II qui imposa l’œcuménisme pour faire face à l’Islam, comme
l’explique Jean-Paul II dans la "Géopolitique du Vatican". Sinon,
qu’est-ce qui a nécessité de soulever une question pareille, après des
siècles et des siècles de ténacités et de guerres internes, si ce
n’était la raison qu’avança Jean-Paul II ?!
S’il reste un petit commentaire à faire sur cette bagatelle de dates,
elle fournit une preuve incontournable et flagrante à la fois, de la
formation du christianisme, du comment il a été "façonné", le long des
siècles, à travers les papes et les Conciles, pour des raisons
politiques ou personnelles, et dévoile, en même temps, que tout
l’acheminement de son histoire est basé sur des points de vue sélectifs.
Une mise à nu qui prendra beaucoup plus d’ampleur avec le prochain
Synode sur la famille, que le Vatican prépare, au cours duquel on verra
comment les dogmes, et non plus les dates, seront outragés, ou plus
exactement : abusés et détournés, pour faire admettre les homosexuels,
les lesbiennes, les adeptes de la théorie du genre, les divorcés
remariés, et adieu à la pauvre postérité de la sainte Eucharistie !
Zeinab Abdelaziz
Lundi le 15 juin 2015
عيد القيامة أو كيف يتم "صنع" المسيحية