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Le premier Motu Proprio
du pape François a été médiatisé, commenté, applaudi, acclamé, glorifié avec
une insistance et un délire extrême, comme tous ses actes, ses gestes et ses
moindres mouvements. Presque pas un seul site, journal chrétiens ou laïcs
qui n’ait fait l’éloge du texte et de l’incontournable courage du pape qui
fustige la société, l’ébranle et l’accuse pour qu’elle mette fin à la
disparité sociale, à la violence, à une économie d’exclusion, à l’économie
du marché, qui finit par faire de l’argent sa déité première ! Bien plus,
poursuit le pape, l’Eglise est à reconvertir, à subir une réforme
permanente, pour secouer les causes structurelles de la pauvreté. En fait,
ce ne sont là que des responsabilités qui incombent en général à tous les
dirigeants de la société ou des entreprises et aux politiciens.
Cependant, personne de parmi tous ces empressés à applaudir, à combler le
pape d’éloges, n’a osé lui dire, comment ignore-t-il, que c’est Vatican II
qui a décidé l’extirpation irrationnelle du socialisme, seul système qui
pouvait tenir tête ou réduire à néant l’économie du marché de laquelle se
plaint le bon Bergolio ?
C’est à Vatican II, que furent décidé l’arrachement brutal, l’extraction et
l’éradication du communisme en tant que système social et politique.
Personne n’a osé dire à ce pape archimédiatisé que c’est grâce à Ratzinger
et Karol Woytila, anticommunistes jusqu’à la moelle, qui participèrent à
l’élaboration du dit concile, et qui s’ingénièrent pour disloquer toute
forme de dissidence à l’intérieur de l’Eglise et menèrent à la destruction
de tout ce qui est progressiste dans la théologie de la libération. Personne
n’a osé dire que c’est grâce au Trio Reagan, Jean-Paul II et Gorbatchev que
le communisme fut éradiqué, que même les sommes dépensées ont été dévoilées
! Nul n’ignore qu’ils menèrent une vraie et cruelle croisade anticommuniste
ou que ce Vatican II introduisit de nombreux changements structurels,
procéduraux et liturgiques, sans rien dire de l’irrationnelle réhabilitation
des juifs du meurtre déicide, qui bouleversa en fait, presque deux mille ans
d’histoires, de théologies et de matraquages. C’est de l’histoire vécue…
Toutefois, la remarque la plus flagrante concernant ce texte, est que
personne de tous ces enthousiastes, de tous ces emportés et fervents
passionnés, de tous ces beaux-parleurs chaleureux, n’a osé aborder une toute
petite subdivisions de la quatrième partie du chapitre IV de ce Motu
proprio, intitulé : Les relations avec le Judaïsme ! Car ce petit texte de
trois clauses en dix-sept lignes bafoue foncièrement Eglise et
christianisme. Je relève précisément :
(247) : « l’Alliance avec Dieu n’a jamais été révoquée (…), Nous ne pouvons
considérer le judaïsme comme une religion étrangère, ni classer les juifs
parmi ceux qui sont appelés à laisser les idoles pour se convertir au vrai
Dieu »;
(249) : (…) Même si certaines convictions chrétiennes sont inacceptables
pour le Judaïsme, et l’Église ne peut pas cesser d’annoncer Jésus comme
Seigneur et Messie, il existe une riche complémentarité qui nous permet de
lire ensemble les textes de la Bible hébraïque et de nous aider mutuellement
à approfondir les richesses de la Parole, de même qu’à partager beaucoup de
convictions éthiques ainsi que la commune préoccupation pour la justice et
le développement des peuples ».
En ce qui concerne le n° 247 :
1° - Il est plus que stupéfiant de lire sous la plume du pape concernant les
juifs : « que l’Alliance avec Dieu n’a jamais été révoquée » ! Car non
seulement « l’Éternel » les a maudits pour leurs désobéissances répétées,
mais il y a une ligne de partage entre les deux Alliances, une ancienne et
une nouvelle, des rites différents, des formes diverses et des prédications
spécifiques. L’Ancienne Alliance est fondée sur la loi et les œuvres, la
nouvelle s’appuie sur la foi en l’œuvre du Christ. Les deux ne se mélangent
point.
La Loi écrite, qui comprend les dix commandements, fut complétée par la loi
orale comprenant 603 commandements, promulgués par les anges, dit-on, et les
juifs « ne les ont point gardées » (Actes 7 : 53), c’est le Nouveau
Testament qui le dit. Même le Talmud, qui contient la Gomorah et la Mishna,
a été l’occasion de controverses entre les pharisiens et Jésus. Les Scribes
ont ajouté 1500 règles pour codifier le sabbat et presque 1000 autres règles
pour codifier les 613 commandements (Divins/angéliques). Les Pharisiens
voulaient que Jésus respecte les traditions des anciens (Mc 7), alors que
celles-ci ne venaient pas de Dieu !
La nouvelle Loi a été donnée « à causes des transgressions des juifs », dit
l’apôtre Jean, et Paul d’ajouter « Nous avons été dégagés de la Loi » ! Ce
que l’Église a maintenu jusqu’à Vatican II ...
Le Nouveau Testament établit une nette distinction entre les commandements
de la Loi et ceux de Jésus, et dès l’entrée en vigueur de la Nouvelle
Alliance, l’Ancienne est devenu obsolète (Hébreux 8 : 13). Avec la mort du
Christ, comme disent les textes, l’ancienne loi a disparu, elle n’a plus
aucune autorité sur les chrétiens qui sont dorénavant sous la Nouvelle
Alliance, la loi du Christ, comme disait l’Église.
Sous la loi de Moïse certains aliments étaient impurs (Lev. 11) ; sous la
nouvelle Alliance tous les aliments sont purs. En un mot : la Loi a cessé de
s’appliquer à ceux qui croient en Jésus. Si la Loi était toujours en
vigueur, il devrait en être de même du sacerdoce lévitique !!
2° – La suite de ce premier paragraphe : « ni classer les juifs parmi ceux
qui sont appelés à laisser les idoles pour se convertir au vrai Dieu »,
mérite à elle seule une réponse qui dépasserait de loin l’espace d’une
intervention, car elle sous-entend deux sens bien distincts, elle vise et
les juifs, et les musulmans. D’un côté, cela veut nettement dire : que les
juifs sont dispensés ou exceptés d’être évangélisés, qu’ils n’ont pas à
subir cette infamie de devoir changer leur religion et croyances. Ce qui
infirme et réduit à néant l’immense fanfare de l’évangélisation du monde,
avec laquelle on essaye d’escamoter, d’occulter et de parodier les immenses
et interminables querelles que l’Église a dû affronter le long de son
trajectoire, à ne signaler que la toute dernière des grandes querelles : le
Modernisme et le Fondamentalisme, qui ébranla pour toujours les arcanes de
cette Institution. D’un autre côté, cette phrase vise en même temps les
musulmans qui, aux yeux de la sainte Église n’adorent pas le vrai Dieu, et
doivent être forcés à subir l’évangélisation coûte que coûte.
3° - Demeure une expression qui attire l’attention dans ce texte : « la
Bible Hébraïque », dit le pape. Est-ce une nouvelle concession à l’égard des
juifs ? Depuis la formation théologique du mot « Bible », il a toujours
signifié l’Ancien et le Nouveau Testament. Les livres sacrés du judaïsme ont
leurs appellations précises. Lorsqu’on accole le terme d’Hébraïque à la
Bible, cela signifie que le nouveau Testament s’est hébraïsé en silence.
Cette nouvelle invention ne doit-elle pas être officiellement signalée par
le pape au lieu d’accumuler les surprises ?!
En ce qui concerne le 249 :
Il me peine de commenter ce paragraphe dont les subterfuges et les
concessions sautent aux yeux, et que personne de tous ces choristes
apologétiques n’a abordé ou commenté. Si le pape ou l’Église ont décidé, on
ne sait trop pour quelle raison, de ne point évangéliser les juifs, à quoi
bon tous ces slogans de « Jésus est le chemin », « l’unique vrai Dieu », «
la seule voie du salut », « la bonne nouvelle », « qu’il est la paix même »
etc., etc. ?! Pour quelle raison les juifs sont-ils exempts de
l’évangélisation ou de la nouvelle évangélisation et de toute cette fanfare
pour laquelle l’Église a enrégimenté tous ses adeptes, ses médias, et tous
ses moyens politiques, financiers et sociaux pour évangéliser le monde ?! Là
une question s’impose :
En tant qu’êtres humains, est-ce que ces juifs ou ces sionistes valent-ils
plus, aux yeux du pape, que les Palestiniens, vrai propriétaires de la
Palestine, qui agonisent dans une prison à ciel ouvert, et subissent un
génocide obstiné, prémédité, à cause justement de ces usurpateurs de la
Palestine, face auxquels l’Église ne cesse de faire des courbettes et des
concessions ?
Comment peut-on parler d’éthique, ou même de justice ou de développement
pour les peuples, lorsqu’on ne cesse d’user de contrefaçons, de subterfuges
et de sabotages ?
Si on passe en revue l’attitude du pape François à l’égard des juifs ou des
sionistes, dès le premier jour de sa nomination, en passant par tous ses
gestes, expressions ou discours, on ne peut que s’attendre à une vraie
Catastrophe, lors de son voyage en Israël, Bethleem et la Jordanie, du 24 au
26 Mai prochain, tel qu’il l’a annoncé lui-même, le 5 janvier 2014, pour un
« dialogue entre les trois religions monothéistes ».
Probité et Justice n’exigeaient-elles pas que le pape fasse un petit saut,
jusqu’à Gaza, pour voir le résultat des "bienfaits" de ses amis, les
sionistes ?!
6 janvier 2014
"فرحة الإنجيل" بمعايير متغايرة