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Le Pape François a reçu, le vendredi 25 octobre 2013, le président de la
République de Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui était
présent au Vatican à l’occasion de l’échange officiel des instruments de
ratification d’un accord entre le Saint-Siège et son pays. Un accord « qui
scelle les bonnes relations bilatérales existantes, reconnaît la
personnalité juridique de l’Eglise et de ses Institutions ». L’accord, en 19
articles et un protocole additionnel, est entré en vigueur ce même vendredi,
alors qu’il a été signé l’année dernière, le 13 octobre 2012. Il concerne
également « le mariage canonique, les lieux de culte, les institutions
éducatives, l’assistance spirituelle aux fidèles catholiques dans les
hôpitaux et les prisons ». Ce qui veut dire : la ratification ou
l’intronisation d’une présence beaucoup plus que spirituelle.
En l’absence du secrétaire d’Etat Mgr Parolin, le président a rencontré
aussi Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les relations avec les Etats.
« Au cours des entretiens cordiaux, affirme un communiqué de la Salle de
presse du Saint-Siège, on a évoqué la contribution positive de l’Eglise
catholique en faveur du développement humain, social et culturel du pays,
surtout dans le domaine de l’éducation et de l’assistance, ainsi que la
collaboration avec l’Etat pour améliorer la qualité de vie de la population
».
En fait, peu nombreux sont ceux qui savent que veut dire « la contribution
positive de l’église catholique » ou toutes ces closes et sujets que
renferme cet accord. C’est pourquoi un petit recul s’impose pour voir
l’arrière fond de ces visites et ces ratifications ignobles du Vatican en
Afrique…
Une histoire dégradante :
Dans le dossier préparé par Radio Vatican et l’Agence Fides (de 125 pages),
à l’occasion du voyage apostolique International du pape Benoit XVI, en
2009, au Cameroun (17-20 mars) et en Angola (20-23 mars), pour préparer la
deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques, on peut
lire un triste récit concernant l’histoire de la papauté avec ce continent.
Après avoir présenté un historique géographique de l’Afrique, le dossier
aborde les papes et les premières années de l’Eglise au Moyen-Age. Je cite
des pages 16 et 17, car c’est une histoire fort révélatrice :
* « Le 15 juillet 1415, le Roi du Portugal, João I15, et les Princes Duarte,
Pedro et Henrique, commencèrent leurs expéditions vers les Côtes
occidentales de l’Afrique. Par la suite, de nombreuses autres expéditions,
entre 1415 et 1482, à partir de Ceuta descendirent jusqu’au Cap de Bonne
Espérance.
* « 1452 (18 juin – Le Pape Nicolas V, par la Bulle Dum diversas, accorde au
Portugal le droit de domination sur les terres enlevées aux musulmans et aux
infidèles.
* « 1455 (8 janvier). Le Pape Nicolas V par la Bulle Romanus pontifex,
invitait Alphonse V à construire des églises et à envoyer des missionnaires
(…) et, en échange, il lui accordait le monopole du commerce sur ces terres
* « 1456 (13 mars)- Le Pape Calixte III, avec Inter coetera mettait les
terres découvertes “nullius dioecesis” (les territoires d’outremer
découverts ou à découvrit), sous la domination de Grand Maître de l’ordre
Militaire du Christ, un Ordre dont la fondation portugaise avait son siège à
Tomar. C’est ainsi qu’est né le Vicariat de Tomar, siège de l’Ordre du
christ qui finança les grandes découvertes du 15° siècle.
* « 1493 – Le Pape Alexandre VI trace une ligne de division nord/sud, à 100
lieues à l’ouest de l’Ile du Cap Vert, entre les terres découvertes par les
Espagnols et les terres découvertes par les Portugais. Le 7 juin, avec le
“Trattato di Tordesillas” entre l’Espagne et le Portugal, la ligne fut
déplacée à 360 lieues à l’ouest (1.770lm) de manière à donner aussi le
Brésil au Portugal. Le traité fut ratifié par l’Espagne le 2 juillet, et par
le Portugal le 5 septembre 1494 ».
Benoit XVI et ses synodes :
Tel qu’on le voit, dès les premiers pas de l’Eglise en Afrique, c’est
l’avidité de s’accaparer de ses ressources, d’extirper Islam et musulmans,
et surtout de christianiser le Continent. Benoît XVI, troisième Pontife qui
visite cette Terre Africaine, accomplit ce pèlerinage 40 ans après le Voyage
Apostolique d’un Pape en Afrique, Paul VI, (31 juillet – 2 août 1969, en
Ouganda), à la suite du concile Vatican II et des propositions de la
Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Après cette visite
historique il y eut les nombreux voyages apostoliques de Jean Paul II : 16
en tout, entre 1980 et 2000. Le voyage de Benoît XVI qui a rendu visite aux
peuples et aux églises de deux pays africains est très révélateur, puisqu’il
concerne « ses grandes richesses et ses immenses ressources spirituelles ».
À la fin de la seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique, du 4 au 25 octobre
2009, les pères synodaux "rendent grâce à Dieu, le 27 octobre 2009, pour
l’abondance des ressources naturelles de l’Afrique" ! Là on ne peut que se
demander : que viennent faire les ressources naturelles d’un pays dans un
synode qui s’impose comme évangélisateur ?!
Il est surprenant de voir, dans l’une des interventions, signaler ce qui
suit : "Les ressources minières africaines valent 46 200 milliards de
dollars" et qu' "avec 12% de cette somme, l’Afrique pourrait financer la
construction d’infrastructures au niveau européen". C’est-à-dire que ce sont
des sommes à extirper de ce malheureux Continent. Une autre intervention de
la même Assemblée avance : "Selon une étude effectuée par une société de
consultation spécialisée dans les investissements en Afrique, il y a dans le
continent africain 10 millions de gisements de matières premières (aussi
bien dans la terre ferme qu’en mer), mais seulement 100 000 sont exploités.
9 millions 900 mille gisements, soit 90% du total, ne sont pas mis en
valeur. Bien plus, elles sont connues et même cataloguées dans une banque de
données, qui se targue des technologies satellitaires et informatiques les
plus avancées" !
Il n'est donc pas étonnant de lire comme conclusion finale de cette
Assemblée : "Pour sa part l’Église cherchera à instituer dans les
différentes nations du continent un système de formation dans la gestion des
ressources naturelles". Ce qui veut dire clairement : plus d'ingérence, pour
mieux s'accaparer de ces ressources-aubaines ! (cf. l’évangélisation et
l’appauvrissement de l’Afrique, 5.11.2009).
Les vraies raisons de cette implantation :
Après avoir fait le tour historique de l’Angola, l’implantation des églises,
les missionnaires, le rôle des laïcs, l’évangélisation et l’acculturation
des peuples par régions et par villes, le dossier préparé par Radio Vatican
et l’Agence Fides aborde un sujet fort choquant et révélateur à la fois,
dans un chapitre intitulé : Aide-Mémoire pour l’Angola. Il commence d’abord
par signaler toutes les ressources du pays, pour s’arrêter à deux sujets
fort curieux pour une Eglise : Le Pétrole, et après le pétrole, les
Diamants, dit le titre !! Là aussi je cite du texte :
Le long de trois pages et demi, le dossier parle de l’importance du pétrole
en Angola, « troisième plus grand producteur de pétrole en Afrique, après le
Nigéria et la Libye (…).Depuis le 1° janvier 2007, l’Angola est devenue le
12° membre de l’Organisation des Pays exportateurs de Pétrole (OPEC), et, au
mois de décembre de la même année, on lui a attribué un quota de production
de brut de 1.900.000 barils par jour. Les membres de l’OPEC doivent en effet
respecter les quotas de production pour maintenir stable le prix du brut
(…).L’Angola a des réserves de pétrole, égales à 9 milliards de baril,
établies au mois de janvier 2008, par rapport aux 8 milliards de 2007.
(…).L’Angola exporte ainsi plus de 90% de son pétrole brut vers la Chine et
les Etats-Unis. En 2007, les Etats-Unis ont importé d’Angola environ 496.00
barils de brut par jour, et l’Angola est ainsi le sixième fournisseur de
pétrole des Etats-Unis, et le deuxième fournisseur africain après le
Nigéria. En 2007, l’Angola a été le deuxième exportateur de pétrole vers la
chine, après l’Arabie Saoudite » etc., etc.
On ne peut que se demander que viennent faire ces
statistiques et tous ces détails pétroliers dans un document concernant les
papes et leur Eglise ?! Quant aux Diamants, on peut lire ce qui suit dans le
même chapitre du dit dossier :
« L’Angola est le quatrième plus grand producteur mondial de diamants bruts.
Ses réserves de diamants ont été estimées en 2000 à environ 40 millions de
carats de dépôts alluvionnaires, et de 50 millions de carats dans ce qu’on
appelle les « chemins diamantifères » (« kimberlite pipes ») qui commencent
seulement maintenant à être exploités. En 2005, les diamants ont représenté
6% du total des exportations.
« Ce secteur est l’apanage de la Société Nationale Diamantifère de l’Angola
((ENDIAMA), créée en 1981. Comme Sonangol dans le domaine du pétrole, c’est
ENDIAMA qui est la responsable pour les licences minières du Pays, et par
les « joint venture », dispose de quotas d’actions dans toutes les mines de
diamants du Pays. En 2004 seulement, elle n’a accordé que 300 nouvelles
licences.
« En 2003, la Société a créé une nouvelle Filiale « ENDIAMA Prospection et
Production », pour procéder à des activités de prospection et de recherche.
La société dispose aussi d’un système d’information, SIDIAMA, qui recueille
les données géologiques utilisées pour les prospections minières. La SODIAM
(Diamond Marketing Company) est en revanche le bras commercial d’ENDIAMA,
avec des bureaux dans les principaux centres mondiaux de commerce des
diamants.
« La SODIAM a enregistré des ventes d’un montant égal à 9,447 millions de
carats de diamants en 2006 : 8,267 millions de carats provenant des mines
officielles, et 1,18 millions de carats provenant du secteur informel. Cela
représente une augmentation de la production d’un montant de 22% depuis
2005, en portant ainsi la valeur totale des ventes de diamants à 1,2
milliards de dollars. On estime que ENDIAMA a perdu 380 millions de dollars
en 2006 seulement, à cause de l’activité d’extraction illégale, de la part
de mineurs artisanaux qui travaillent dans les régions de l’est et du nord
du Pays », etc., etc., le long de presque trois pages (112-114), où il est
même fait mention des diamants recueillis illégalement, dans un dossier qui
relate l’histoire des papes et de l’Eglise catholique en Afrique !!
Il n’est donc point incompréhensible de lire à la page 10 de ce dossier, la
note N° 12, disant : « D’après la Banque Mondiale, alors que durant la
période 1981-2005, l’Asie a réduit de manière drastique le pourcentage de
ses habitants vivant dans la pauvreté, passant de 80% à 20%, on n’a
enregistré en Afrique aucune amélioration: le nombre des pauvres (un dollar
par jour) a grandi durant la même période, passant de 200 millions à 400
millions ».
C’est pourquoi il n’est pas étonnant de lire ailleurs, que « L’église
catholique est la plus grosse puissance financière au monde, la plus grosse
accumulatrice de richesses et de propriétés en existence, possédant plus de
biens et de richesses que toute banque, entreprise, fond de trust géant et
gouvernement n’importe où sur la planète » (1), ni de trouver bizarre ou
inaccoutumé de voir le pape François marcher «très pieusement » sur les pas
de ses prédécesseurs et continuer le même chemin pour imposer la dite «
contribution positive de l’Eglise », et augmenter le nombre des pauvres en
Afrique !
18 novembre 2013
(1)
http://www.alterinfo.net/Le-Vatican-la-City-de-Londres-et-le-District-of-Columbia_a96013.html
الوجه القبيح للفاتيكان !