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C’est par pur hasard que je suis tombée sur un site où j’ai trouvé une
lettre fort révélatrice, du père Charles de Foucauld, missionnaire en
Algérie, à René Bazin, de l’académie française, écrite en 1916. Le ‘‘saint’’
père de Foucauld, puisqu’il a été béatifié à Rome par Benoît XVI, le 13
octobre 2005, s’épanche à cœur joie à Bazin, sans se rendre compte à quel
point il met à nu l’hypocrisie révoltante, le racisme et les doubles-face,
non seulement des missionnaires ayant pour devoir d’extirper les musulmans
de leur foi, mais l’attitude aussi dégradante de la dite ‘‘race pure’’ de
certains français …
La lettre est parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5,
octobre 1917, et a été publiée sur le site de la Fondation de service
politique, à l’occasion de la béatification du père Charles de Foucauld en
2005.
Le commentaire en bleu, à la suite de la lettre, est du même site ; il est
aussi révélateur que la lettre, hélas !
"Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ?" -
Charles de Foucauld

JESUS CARITAS,
Tamanrasset, par Insalah, via Biskra, Algérie, 29 juillet 1916.
Monsieur,
Je vous remercie infiniment d'avoir bien voulu répondre à ma lettre, au
milieu de tant de travaux, et si fraternellement. Je pourrais,
m'écrivez-vous, vous dire utilement la vie du missionnaire parmi les
populations musulmanes, mon sentiment sur ce qu'on peut attendre d'une
politique qui ne cherche pas à convertir les musulmans par l'exemple et par
l'éducation et qui par conséquent maintient le mahométisme, enfin des
conversations avec des personnages du désert sur les affaires d'Europe et
sur la guerre.
Vie du missionnaire parmi les populations musulmanes :
Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre
empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira
un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite
intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française,
sans avoir l'esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi
islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer
les masses ; d'autre part, la masse des nomades et des campagnards restera
ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au
mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts
qu'elle a avec les Français (représentants de l'autorité, colons,
commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire
aimer d'elle. Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite
instruite : quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de
difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam
comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un
empire africain musulman indépendant.
L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique
occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à
la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès
matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au
maniement de nos armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos
écoles. Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous
chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent
chrétiens.
Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force, mais tendrement,
discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction,
grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs
français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un
contact plus intime.
Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui.
D'une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y
opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du
Medhi, il n'y en a pas : tout musulman (je ne parle pas des libres-penseurs
qui ont perdu la foi) croit qu'à l'approche du jugement dernier le Medhi
surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la
terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non-musulmans. Dans cette
foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non
musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou
ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une
épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son
tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l'engage à
subir avec calme son épreuve ; "l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses
plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact
le jour de la libération", disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à
une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce
qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou
tel Français, comme on est attaché à un ami étranger ; ils peuvent se battre
avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère
guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de
fortune des XVIe et XVIIe siècles, mais, d'une façon générale, sauf
exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils
attendront plus ou moins patiemment le jour du Medhi, en lequel ils
soumettront la France.
De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la
nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger
qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple
auquel on appartient soi-même ? Ce changement de nationalité implique
vraiment une sorte d'apostasie, un renoncement à la foi du Medhi...
Les Kabyles
Comme vous, je désire ardemment que la France reste aux Français, et que
notre race reste pure. Pourtant je me réjouis de voir beaucoup de Kabyles
travailler en France ; cela semble peu dangereux pour notre race, car la
presque totalité des Kabyles, amoureux de leur pays, ne veulent que faire un
pécule et regagner leurs montagnes.
Si le contact de bons chrétiens établis en Kabylie est propre à convertir et
à franciser les Kabyles, combien plus la vie prolongée au milieu des
chrétiens de France est-elle capable de produire cet effet !
(...) Si la race berbère nous a donné sainte Monique et en partie saint
Augustin, voilà qui est bien rassurant. N'empêche que les Kabyles ne sont
pas aujourd'hui ce qu'étaient leurs ancêtres du IVe siècle : leurs hommes ne
sont pas ce que nous voulons pour nos filles ; leurs filles ne sont pas
capables de faire les bonnes mères de famille que nous voulons.
Pour que les Kabyles deviennent français, il faudra pourtant que des
mariages deviennent possibles entre eux et nous : le christianisme seul, en
donnant même éducation, mêmes principes, en cherchant à inspirer mêmes
sentiments, arrivera, avec le temps, à combler en partie l'abîme qui existe
maintenant.
En me recommandant fraternellement à vos prières, ainsi que nos Touaregs, et
en vous remerciant encore de votre lettre, je vous prie d'agréer
l'expression de mon religieux et respectueux dévouement.
Votre humble serviteur dans le Cœur de Jésus.
Charles de Foucauld
Écrite en 1916, cette lettre est d'une clairvoyance
époustouflante.
Les grandes lignes des évènements qui se sont déroulés depuis y figurent :
l'émergence du mouvement nationaliste algérien, la haine des Français et la
volonté de vengeance, les objectifs de l'Islam et son inadéquation à la
France, le Djihad, l'expansion démographique... tout y est.
Que les hommes "politiques" d'aujourd'hui ne font-ils montre d'une telle
lucidité !
Connaitre l'Histoire de sa Patrie, ce n'est pas "regarder dans le
rétroviseur", mais au contraire s'inspirer des leçons du passé pour s'en
servir et bâtir l'avenir.
Source et publication : Le Gaulois
Source :
http://jean-marielebraud.hautetfort.com/archive/2010/09/25/une-lettre-de-charles-de-foucauld-a-rene-bazin-en-1916.html
خطاب كاشف !