|
Le jeudi 25 juin 2009, Gilad Shalit, le soldat franco-israélien retenu en
otage à Gaza depuis trois ans, a été fait citoyen d’honneur de Rome !! C’est
en rappelant le jour de sa capture que le conseil communal de Rome a décidé
d’accorder la citoyenneté honoraire à Shalit. Geste discriminatoire et
révoltant, certes, qui se veut l’aboutissement d’un processus lancé le 2
avril dernier, par le maire de Rome et par la majorité du conseil… Une photo
géante de l’otage a été exposée au Capitole, l’Hôtel de Ville de Rome, avec
cette inscription : « Rome a un nouveau citoyen. Gilad Shalit libre» ! Et le
maire de Rome de déclarer : « A partir de maintenant, nous entrons
officiellement dans toutes les demandes et les sollicitations
institutionnelles pour demander sa libération », avant d’ajouter en grand
connaisseur de la loi internationale : « Cela fait trois ans que le jeune
homme est prisonnier en-dehors de la logique des traités internationaux, il
n’y a pas eu moyen de pouvoir le faire revenir et cela constitue une forte
condamnation de toute forme de fondamentalisme et d’intolérance » … Et pour
couronner le tout, monsieur le maire de Rome annonce que le 1er juillet
prochain, la famille de Gilad Shalit viendra à Rome : « A cette occasion,
nous serons honorés de conférer cette citoyenneté honoraire concrètement et
officiellement » !
A noter que Benoît XVI avait rencontré les parents de Gilad, le 11 mai
dernier, lors de la réception donnée en son honneur durant sa visite en
Israël. C’est là que sa sainteté reçu gentiment l’ordre, entre tants
d’autres, de ses frères aînés, de veiller et d’accorder ses bénédictions
pour les préparatifs de cette « nouvelle citoyenneté », autrement le conseil
de la municipalité de Rome et son maire n’auraient point bougé !
Avant de m’élancer dans un commentaire qui ne plaira sûrement pas à tous ces
honorables responsables, toutes fonctions comprises, signalons que cette
mascarade a déjà eu son avant première, car le 23 novembre 2008 une
manifestation de soutien pour Gilad eut lieu à Neuilly sur Seine ; le 14
décembre 2008 quelques centaines de personnes se rassemblèrent au Trocadéro
; puis un site français de soutien est créé ; et le 17 décembre 2008, ce
même Gilad Shalit, a été fait citoyen d’honneur de la ville de Paris, et la
France sarkozyste se mobilise, après la visite de son président au Vatican,
pour libérer le pauvre Shalit !.
Pour tous ceux qui semblent avoir la mémoire faible, il serait peut-être
utile de rappeler les événements qui ne sont pas si loin pour être oubliés :
ce Gilad, qui détient deux nationalités, (ce qui implique l’honorabilissime
probité française, qui laisse ses citoyens combattre dans l’armée d’un autre
pays dont le statut, de surcroit, est illégal), a été capturé en réponse à
l’incident de la famille Muammar, dont les deux fils Osama et Mostafa,
avaient été pris en otage le 24 juin 2006 par des troupes sionistes. Ce qui
constituait, à l’époque, la première capture de palestiniens à Gaza par
l’armée israélienne, depuis son retrait de Gaza un an plus tôt. Le lendemain,
le 25 juin 2006, Gilad Shalit est pris en otage. Le lendemain, et non la
veille !
Le 28 juin 2006, c'est-à-dire deux jours plus tard, les forces israéliennes
déclenchent l’opération Pluie d’été, dans la bande de Gaza, pour chercher
Shalit. C’était la première incursion de l’armée israélienne sur ce
territoire. L’opération a mobilisé des milliers de troupes dans le but «
officiel » de sauver la vie du soldat Shalit ! A regarder les dates aucun
naïf sur terre ne manquerait de voir la préméditation ignominieuse de cette
opération, car on ne fait jamais déplacer des milliers de troupes en
quelques heures, c’est donc une planification préméditée !
Tous ceux qui s’y connaissent en règlements, en analyses et en politique,
verront nettement que cette opération visait à déstabiliser le gouvernement
Hamas, en imposant la panique et en détruisant férocement la principale
centrale électrique dans le sud, privant ainsi le territoire de 70% de sa
production d’électricité et d’eau potable ; en faisant sauter trois ponts et
en arrêtant plusieurs parlementaires et ministres de l’Autorité. Cette
infâme Pluie d’été a imposé des bouclages, des incursions, eut recours à des
frappes aériennes, causant la mort de plus de 200 Palestiniens, et plus de
1000 blessés, dont la plupart sont des enfants et des civils. Et comme si
cela n’était point assez aux yeux de ces « colombes pacifistes », ils
prirent des centaines de détenus qui se sont ajoutés aux quelques 10.000
Palestiniens emprisonnés en Israël, déracinèrent des centaines de logements,
des bâtiments publics, des routes, et même l’université islamique ! Toute
cette haine vengeresse pour un piètre otage utilisé comme prétexte ?!
Tous ces crimes de guerres, ces meurtres de civils Palestiniens, la
destruction de leurs propriétés, l’usage disproportionné de moyens
militaires, d’éradications, l’embargo imposé par une volonté plus que
terroriste, toutes ces formes de punitions collectives infligées aux
habitants de Gaza, et qui constituent une incontestable violation du droit
humanitaire et international, passent inaperçus et n’ont aucun reflet aux
yeux de sa sainteté le pape Benoît XVI, qui ne daigna même pas aller voir
l’indescriptible catastrophe sur laquelle il ferma pieusement les yeux ;
aucun reflet ou aucun sens aux yeux de messieurs les maires de Paris ou de
Rome, férus d’honorabilité pour les prétendus traités internationaux
unilatéraux, applicables seulement pour le seigneur Shalit…
Et comme si tous ces crimes de guerres n’étaient point suffisants,
l’opération Pluie d’été fut suivie d’une autre plus féroces encore, le Plomb
durci, qui commença le 27 décembre 2008 et durant trois semaines
ininterrompues bombarda criminellement les Palestiniens à Gaza avec toutes
sortes d’armements prohibés par les lois et les traités internationaux,
laissant plus de 1500 cadavres, dont la plupart sont des enfants et des
civils carbonisés et plus de 5000 blessés, démolissant tout, même les
institutions internationales, mais cela n’a aucun sens aux yeux des
dirigeants de la société internationale, puisque ce sont les « frères aînés
», qui, même s’ils chient partout où ils sont de passage, en service
militaire, excusez le terme, mais c’est ce qu’on vient d’apprendre par des
articles récents cette semaine, tout leur est permis, tout leur est accordé
!
Quand on apprend que 1,5 million de personnes sont en proie au désespoir,
vivant à Gaza dans une misère atroce, sous un embargo meurtrier, un peuple
qu’on asphyxie sauvagement parce qu’il est le propriétaire d’une Terre
usurpée, une Palestine que l’Occident chrétien présenta impunément en
offrande, pour se débarrasser d’un mea-culpa duquel les Palestiniens ne sont
nullement responsables, on est à court de mots pour décrire une situation
aussi criminelle et aussi malhonnête… Il aurait été sûrement plus probe pour
ces messieurs d’honorer leur propre conscience, d’entrer dans toutes les
sollicitations institutionnelles pour accuser ces misérables sionistes des
crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qu’ils ne cessent de
commettre, et leur imposer la loi, qu’ils ne savent même pas respecter, au
lieu d’octroyer des citoyennetés révoltantes, qui crient au parti pris, et
nécessitent une autre réaction ! Sauver tout un peuple
Lorsqu’un peuple vit dans un cercle sans fin de dénuement imposé et de
désespoir, et que les dirigeants de la société internationale y sont
complices, laissent faire et laissent passer, on ne peut que dire : c’est
honteux, c’est dégradant, déshonorant, humiliant, indigne et infâme à la
fois, mais toute cette suite de qualificatifs ne porte atteinte qu’à ces
honorables « responsables » qui porteront leur crime le long des siècles,
car c’est un crime que rien ne saurait effacer…
29.6.2009