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La formule spécifiant "les gens du livre", d'après le Qur'ân, désigne ceux à
qui les messages divins ont été révélés, à savoir : les juifs et les
chrétiens, adeptes des deux religions monothéistes préislamiques, cependant,
jamais énoncé n'a été aussi détourné de son vrai sens la plus part du temps.
Que ce soient les orientalistes, les missionnaires ou toute la lignée qui a
servilement suivi leurs pas, ils s'ingénièrent tous à ne souligner que le
côté qu'ils voulurent présenter comme étant "conflictuel" de l'Islam, en
déplaçant le Verset du contexte original, ou tout simplement en ne le
signalant point.
Sans nul doute, le Qur'ân renferme des Versets qui prônent la tolérance
envers les gens du livres, comme ligne de base ou ligne de conduite, pour
les relations humaines, dans le cours de la vie quotidienne des musulmans, à
ne citer que les Versets suivants:
"Et ne discutez avec les gens du Livre que de la façon la meilleure, sauf
ceux d'entre eux qui furent injustes. Et dites : <Nous croyons en ce qui
nous a été Révélé, et en ce qui vous a été Révélé, et notre Dieu et votre
Dieu est Un, et nous nous remettons à Lui>" (al-'ankabut, 46) ;
"Appelle à la Cause de ton Seigneur par la sagesse et la bienveillante
exhortation, et discute avec eux de la façon la meilleure. Certes, ton
Seigneur Est Plus-Scient de celui qui se fourvoie de Sa Voie, et Il Est
Plus-Scient de ceux qui sont guidés" (an Nahl, 125)
De même, le Qur'ân contient des Versets, qui sont inséparablement liés à
leur contexte, et par là même on ne saurait leur imputer la désignation de "Versets
qui prônent des relations conflictuelles", puisqu'en réalité ce sont des
orientations, des modèles de comportement et de guidance, que chaque
musulman a l'obligation de suivre, selon le cas mentionné, qui est la raison
d'être du Verset. Ce n'est qu'après dix ans de tentatives pacifiques à
l'égard des païens et des gens du livre que commença la Révélation de
Versets qui permettent aux musulmans de réagir, de donner la réplique contre
tout ce qu'ils subissaient de la part des juifs et des chrétiens. A
souligner, que même cette permission de combattre, de réagir contre les
actes des agresseurs, des mécréants, cette permission est limitée par la
juste mesure, tel qu'on peut le voir par ces Versets :
"Combattez, pour la cause d'Allah, ceux qui vous combattent et n'agressez
point, car Allah n'Aime point les agresseurs. / Et tuez-les où vous les
saisirez, expulsez-les de là où ils vous ont expulsés : la sédition est pire
que le meurtre. Ne les combattez pas auprès de la Mosquée Sacrée à moins
qu'ils ne vous y combattent. Si alors ils vous combattent, tuez-les. Telle
est la punition des mécréants. / S'ils s'arrêtent, alors Allah Est
Absoluteur, Miséricordieux. / Et combattez-les jusqu'à ce qu'il n'y ait plus
de sédition et que la Religion soir pour Allah. Si jamais ils s'arrêtent :
pas d'agression, sauf contre les injustes" (al Baqara, 190-193).
Cependant, demeurent la grande contrevérité ou cette grande falsification,
de la part de l'Eglise, de l'Institution vaticane, de ces gens du livre,
disant que le Qur'ân accuse le texte biblique d'avoir été manipulé! Sans
tomber dans le piège d'une défense qui mènerait vers un labyrinthe
inextricable de documents, nous prendrons comme exemple le récit d'Adam,
pour mettre en relief le rendu de ces textes monothéistes.
Nombre de récits historiques du Qur'ân se trouvent déjà cités dans les
Livres précédents, puisqu'il s'agit du même message divin : l'unicité
d'Allah, mais la narration diffère foncièrement. Pour le Qur'ân, le récit
sert d'abord à mettre en relief la leçon à retenir, la leçon profitable aux
croyants. Puis, en second lieu, il sert à mettre en relief la Révélation ;
montrer que la Religion est une : se remettre à Allah en toute confiance ;
que la Religion est foncièrement monothéiste, Allah n'a ni progéniture ni
compagnons ; que les Prophètes adoptent le même moyen dans leur appel ;
qu'Allah Soutient ses prophètes et Décrète la perte des dénégateurs. Comme
conséquence directe de ces données narratives, le récit qur'ânique peut se
répéter dans plus d'une Surah, sous des formes variées, non en entier, mais
quelques séquelles qui mettent toujours l'accent sur l'enseignement qui en
ressort, l'enseignement à retenir.
Dans le Récit d'Adam, qui se trouve signalé dans huit Suwar, il se termine
chaque fois par sa sortie du Paradis et sa descente sur la terre. Ce qui met
en relief la leçon à retenir, le prix payé pour la désobéissance. Le Texte
nous révèle que c'était un être humain comme le reste des mortels, bien que
différemment créé. Allah le Créa de Terre glaise, d'argile, dans l'image la
plus harmonieuse, et lui donna la connaissance de tous les noms. Avantagé
par l'aptitude du savoir, alors que les anges, ne sachant que prier et
n'étant pas renseignés, n'arrivaient pas à dénommer les choses par leur nom,
reçurent l'ordre de s'incliner devant Adam. Ils s'y appliquèrent sauf Iblis.
Là il est nécessaire de souligner l'importance du savoir, en Islam, qui
place l'être humain à un niveau plus élevé que celui des anges dans ce
domaine.
La faute d'Adam, que le Qur'ân présente comme une stricte "désobéissance",
est d'avoir goûté à l'arbre défendu, qui le rendrait, lui et sa conjointe,
comme des anges ou de parmi les éternels. Ils se repentirent tous deux,
Allah Agréa leur repentir, et par la suite, les musulmans n'ont pas à porter
le poids d'un péché héréditaire. D’ailleurs aucun homme n’est appelé à
porter le péché ou la faute d’un autre :
« Chaque personne n’acquiert qu’à ses dépens, et nulle personne ne portera
la faute d’une autre. Ensuite, c’est vers votre Seigneur que sera votre
retour, et Il vous Informera alors de ce sur quoi vous divergiez ». ( Al
An’àm 164)
« Et nul ne portera la faute d’un autre. Et si qui que ce soit de surchargé,
appelle pour son fardeau, rien n’en sera déchargé, même s’il s’adressait à
un proche parent. » (Fàtir 18)
Dans le judaïsme, le récit d'Adam est conçu de sorte à ce que le péché passe
de père en fils, qui devait se rançonner : "C'est moi le Seigneur, ton Dieu,
un Dieu jaloux poursuivant la faute des pères chez les fils sur trois et
quatre générations s'ils me haïssent" (Deutéronome V : 9).
Ensuite, une autre version abroge cette succession de la faute de père en
fils, et la limite strictement au fauteur : "Celui qui pèche, c'est lui qui
mourra : le fils ne portera pas la faute du père ni le père la faute du fils
; la justice du juste sera sur lui et la méchanceté du méchant sera sur lui"
(Ezéchiel XVII : 20).
Ce qui révèle un changement catégorique de la Loi qui, du point de vue de la
logique, ne va pas de paire avec un langage qui se veut divin, qui se veut
un et invariable, pour ne pas parler de contradictions ou de manipulations,
passant en silence la réalité de ce dieu jaloux, vindicatif et rancunier !
Bien que le christianisme se présente comme héritier de l'Ancien Testament,
puisque Jésus annonce nettement : "N'allez pas croire que je sois venu
abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir"
(Matt. 5 : 17) l'Eglise, changea cette parole, contourna celle de l'Ancien
Testament, et abrégea le péché en Jésus qui, par sa mort, disent-ils, libère
ses adeptes. Est-il lieu de dire ici, de concert avec nombre d'exégètes, que
c'est la raison pour laquelle le christianisme inventa la crucifixion pour
se libérer du péché originel ?! On ne peut que regarder de plus près pour
voir que :
Le péché originel est une doctrine de la théologie chrétienne, dont la
notion fut créée par Augustin d'Hippone au IVe siècle. Donc elle n'a rien de
"Révélé", Jésus n'en a aucune idée. Elle a été approuvée par le Concile de
Carthage en 418, par le Pape Zosime. Ensuite elle a été confinée par
l'Eglise catholique par un décret conciliaire, promulgué au Concile de
Trente, en 1546. Un coup d'œil sur les deux dates, du début du cinquième
jusqu'au seizième siècle, révèle l'étendue des débats qui eurent lieu pour
imposer cette doctrine, selon laquelle tout être humain se trouve en état de
péché, du seul fait qu'il relève de la descendance d'Adam !
A noter aussi qu'il n'y a aucune notion du péché originel dans le texte de
la Genèse. Le concept et la formation reviennent à saint Augustin qui,
lisant l'épître aux Romains V.12 de l'Apôtre Paul, l'explicite dans sa lutte
contre Pélage et dit que le péché se transmet à tous les hommes par
engendrement, comme souillure héréditaire. Bien que cette interprétation
soit contraire à la lettre du texte, il l'assimile au "péché de chair",
attache la faute à la sexualité, alors que l'Ancien Testament ne retient
comme faute que le fait de se détourner de Yahvé. Inutile d'ajouter ou de se
demander comment saint Augustin peut parler de péché alors que saint Paul
parlait de la foi, de la Loi comme frontière dynamique : "ou plutôt éprouver
le réconfort parmi vous de notre foi commune à vous et à moi" ?. Durant tout
le chapitre il n'est nullement question ni de péché originel, ni de péché de
chair, bien plus aucun texte n'impose ce péché inexistant, à tous les hommes,
que le décret du Concile de Trente, le 17 juin 1546, à travers six clauses
se terminant chacune par le fameux : "qu'il soit anathème" à quiconque
refuse d'y croire !
Est-il lieu d'ajouter que les contemporains, de nos jours, lisent la Genèse
et s'étonnent de voir comment saint Augustin a pu comprendre ce texte et
imposer l'idée d'un péché de chair, faire le lien avec ce que Paul ne dit
point ? Puis ils finissent par voir que tout cet amalgame et toute cette
confusion remontent à une faute de traduction, du mot "malus" qui, en latin
désigne et le mal et la pomme, commise par saint Jérôme, lorsqu'il entreprit
de voir la cinquantaine d'évangiles qui circulaient à l'époque, pour en
faire les quatre qui représentent le Nouveau Testament actuel, après avoir
changé, remanié et rectifié les textes, comme il le dit dans la lettre qu'il
adresse au Pape Damase, qui lui avait demandé d'accomplir cette tâche !
Il est intéressant de noter que malgré les décrets du Concile de Trente, les
débats continuent critiquant ce dogme qui ne cesse d'ébranler les arcanes de
l'Eglise. En 2007, Le père Vito Mancuso, qui enseigne à la faculté de
théologie de l'université de saint Raphaël à Milano italien, écrit un
ouvrage sur le péché originel, le dogme de la Rédemption, et la Résurrection
de Jésus, dans lequel il entreprend en détail la formation de ces dogmes à
travers les Conciles, pour aboutir au fait que l'être humain peut se sauver
par ses propres actes, par sa raison, et n'a nullement besoin de textes
forgés ou manipulés. Le livre a réalisé une vente de quatre-vingt mille
exemplaires, - ce qui est énorme pour un livre de théologie, et aurait
sûrement connu une plus grande expansion si les bras de l'Institution
vaticane ne s'étaient tendus pour l'arrêter.
Là on ne peut que se demander : quelle est la victoire que la dite
Institution accorde ou impose à Jésus bravant la mort ? Depuis la fameuse
crucifixion, tous les êtres humains, toutes les religions confondues,
naissent et meurent, sans qu'un seul être ait pu y échapper ! La mort
continue à faucher sans arrêt : que veut donc dire ce dogme édifié sur un
amas de mensonges accumulés et de falsifications ?
Avant de terminer ce point il serait intéressant de revenir à la Genèse pour
suivre le récit d'Adam et montrer que "Dieu créa l'homme à son image, à
l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et
leur dit : "soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la"
(1 : 27,28). Donc, dans ce premier chapitre il n'est fait aucune mention de
péché originel, bien plus Dieu créa l'homme et la femme à son image et leur
demanda d'être féconds et remplir la terre par leur progéniture.
Au chapitre suivant on trouve que Dieu s'appelle : Yahvé Dieu, sans
comprendre la nécessité de cet aditif, et qu'il "modela l'homme avec la
glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme
devint un être vivant" (2 : 7). Quelques versets plus loin " Yahvé Dieu prit
l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le garder. Et
Yahvé Dieu fit à l'homme ce commandement : "Tu peux manger de tous les
arbres du jardin. Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne
mangeras pas, car le jour où tu mangeras, tu deviendras passible de mort" (2
: 15-17). A noter ici une contradiction, et que la mise en garde concerne
Adam seul, car Eve n'est pas encore créée selon ce second chapitre, tandis
qu'au premier elle est créée en même temps que lui et il leur est recommandé
d'être féconds et d'emplir la terre !
Quelques versets plus loin et dans le même chapitre on lit : "Alors Yahvé
Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses
côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de
l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci
s'écria : Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair !
Celle-ci sera appelée femme, car elle fut tirée de l'homme, celle-ci ! C'est
pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme et ils
deviendront une chair" (2 : 21-24).
Là on ne peut que s'étonner comment Adam qui dormit sous une torpeur
assommante, sans rien sentir, sans sursauter de la douleur de se voir
arracher une côte, puis, malgré le fait d'être le premier homme de la
création, créé de glaise, donc n'ayant ni père ni mère, se mettre à déclarer
sans aucune justification cette exclamation philosophico-théâtrale et sans
lien avec ce qui la précède : "C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa
mère et s'attache à sa femme et ils deviendront une chair" ! A moins que ce
ne soit là une phrase intercalée, comme tant d'autres, pour imposer cette
union-fusion de la chair et imposer le refus du divorce, qui représente une
des pierres d'achoppements du christianisme. Signalons que dans ce second
chapitre aussi il n'est nulle part question de péché originel.
Au troisième chapitre, le serpent niant que goûter à l'arbre fera mourir,
dit à la femme: "Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux
s'ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le
mal" (5). Après avoir mangé, "Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et
ils connurent qu'ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuier et
se firent des pagnes" (7). Là on se demande où est-ce qu'ils ont trouvé ou
pu penser ou trouver du fil et une aiguille pour coudre en ce tout début de
la création où tout était à créer avant de pouvoir inventer quoi que ce soit
! Le verset suivant Yahvé Dieu "se promenant dans le jardin à la brise du
jour" appelle l'homme qui lui répond : "J'ai entendu ton pas dans le jardin,
j'ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché" (10), oubliant qu'au
verset huit il s'était cousu un pagne avec les feuilles de figuier !
Et le gentil Yahvé Dieu, malgré sa colère et ses réprimandes à chacun des
trois, l'homme, la femme et le serment, se met à faire "des tuniques de peau
et les en vêtit" (21), puis se dit : "Voilà que l'homme est devenu comme
l'un de nous, pour connaître le bien et le mal ! Qu'il n'étende pas
maintenant la main, ne cueille aussi de l'arbre de vie, n'en mange et ne
vive pour toujours" (22) ! Laissons le comique d'un dieu tailleur qui
confectionne des tuniques de peau à ses créatures, pour nous arrêter sur une
expression qui démolit le monothéisme judaïco-chrétien puisque Yahvé Dieu
trouve que l'homme "est devenu comme l'un de nous" qui indique nettement
qu'il y a d'autres dieux avec Yahvé, et qu'il s'agit d'un polythéisme,
puisque Elohim sera cité un peu plus loin.
Un autre point est à relever de ce dialogue divin : Yahvé qui craint qu'Adam
ne mange de l'arbre de vie et ne vive pour toujours comme les dieux ! Ce qui
annule l'idée de la Rédemption afin que les hommes vivent pour toujours,
puisque Yahvé Dieu "bannit l'homme et il posta devant le jardin d'Eden les
chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l'arbre
de vie" (2 : 24). Ce qui veut dire : point d'éternité pour l'homme d'après
les textes bibliques que Jésus approuva et vint pour continuer, et non pour
les annuler !
Il ne serait donc point déplacé de terminer cet exposé par quelques Versets
du Qur'ân pour voir si ce Texte divin, Révélé et préservé de toute
corruption jusqu'à la fin des temps, dit vrai, ou comme le prétend cette
Institution vaticane, accuse injustement les textes bibliques :
"O gens du livre, pourquoi mécroyez-vous en les Versets d'Allah alors que
vous en êtes témoins / O gens du livre, pourquoi confondez-vous le Vrai avec
le faux et taisez-vous la Vérité en le sachant ?" (Al-Imran, 70,71).
"O gens du livre, pourquoi rebutez-vous celui qui croit de la Cause d'Allah
? Vous la désirez tortueuse, alors que vous êtes témoins ! Allah n'Est point
Inattentif à ce que vous faites" (Al-Imran, 99).
"... : ils altèrent les mots de leur places, et oublièrent une part de ce
qui leur fut rappelé.." (al-mâ'ida , 13)
"Un groupe des gens du livre voudrait bien pouvoir vous fourvoyer, mais ils
ne fourvoient que leurs propres personnes et ils ne se rendent pas compte"
(Al-Imran, 69).
2 / 12 / 2009